« Il y aura quelques projets épiphénoménaux de visibilité politique (sauts-de-mouton, quelques routes rafistolées, écoles et plantations) sans aucune impulsion transformationnelle éclatante digne de la vision du Grand Congo et l’histoire de 38 ans d’opposition de l’UDPS », voillà ce par lequel risque de se solder le mandat de Félix Tshisekedi, avertit Kabasu Babu H.K., libre-penseur, écrivain, chercheur en gouvernologie, dans son élan, en tant que membre de l’intelligence interne et nationaliste de la RDC, pour contribuer tant à la réussite du reste de mandat de Félix Tshisekedi qu’au bien-être de la population congolaise.
Kibasu Badu est ceux qui, versés en connaissances géopilitiques et maîtrisant les paradigmes monétaro-fonanciers des institutions de Bretton Woods (FMI, BM) et des institutions internationales associées (PNUD, BAD), prescrivent à ceux qui veulent s’éménciper de ces institutions à l’instar de la Chine et autres pays du Brics pour se développer, de carrément le faire.
Pour l’écrivain congolais, « Beaucoup de pays qui ont réussi une transformation brillante (Chine, Corée du Sud, Indonésie, Malaisie, Rwanda, etc.) ont du rejeter l’immixtion excessive des institutions de Bretton Woods dans leurs choix en politiques publiques, en projets propulseurs, et sources de mobilisation des ressources financières. Leurs élites ont fait triompher l’intelligence synergétique endogène, portée par la souveraineté, dans l’opérationnalisation de leurs schémas de développement. Ceci est d’autant plus vrai que, depuis les années 1960-1970, les institutions de Bretton Woods ont imposé d’innombrables réformes infécondes. Celles-ci ont causé des tragédies sociales en Afrique. On se souvient de la catastrophe sociale découlat de la rigueur dictatoriale kengiste au Zaïre dans les années 1980, prescrite par le FMI en tandem avec la banque mondiale. Des prescriptions du Washington Consensus (mué en ‘Post-Washington Consensus’), en Afrique en particulier, on n’a pas observé l’émergence remarquable et rayonnante d’un seul pays pilote ou modèle de la réussite des formules que ces institutions dictent. Mais, elles continuent à s’imposer comme « maitresses » du développement en Afrique »
FMI : bourreau du social des Congolais
Kibasu Babu accuse le FMI d’être à l’origine du malaise social actuel en RDC. A son analyse, «…le retour du FMI semble être porteur d’une malheureuse coïncidance : subitement, on parle inflation, taux de change grimpant, flambée des prix, rétrécissement de la trésoserie, grogne sociale. Cette institution impose une gamme des restrictions et des conditionnalités rendant quasiment impossible la réponse expansive aux besoins des populations. Coïncidance assez troublante, en effet, car, de manière générale, le cadre restrictif ou réformatif des institutions de Bretton Woods, s’avère paradoxalement infécond… »
Autre accusation : «…c’est le FMI et la Banque mondiale qui nous ont imposé le désengagement de l’Etat dans le secteur minier. C’est à cause de cette politique que la GECAMINES et KILOMOTO,…, ont été forcées de céder leurs riches concessions en faveur des multinationales. Cela a privé les Congolais d’immenses profits à la détention totale des capitaux sur ces gisements. C’est cela qui explique en majeure partie la chute des revenus de cuivre de plus de USD 800 millions pour une production de 475.000 tonnes dans les années 1980 (quand toutes les mines appartenaient à la GECAMINES), à moins de USD 350 millions sur plus d’un million de tonnes dans les années 2015-2017 (lorsque les concessions ont été cédées aux multinationales). Et le FMI, en particulier, a dénoncé à cor et à cris l’opacité (indéniable) de la gouvernance du secteur minier, en se retirant de la RDC en 2012. Mais, le même FMI et la banque mondiale n’ont jamais reconnu leur part de responsabilité dans l’effet de la réduction des revenus miniers causé par la rétraction de l’actionnariat public qu’ils nous avaient imposée.Le Code minier de 2002 (dicté dans un contexte de fragilité nationale) portait la même logique sous-jacente de la dépossession avec une part d’effet de réduction des revenus miniers. En 2004, une entreprise d’audit minier (consultée par la Banque mondiale elle-même) a démontré que la cession des gisements miniers aux multinationales était défavorable à la RDC et qu’avec USD 150 millions, la GECAMINES pouvait être relancée. Mais la pression fut maintenue en faveur de la cession des gisements au bénéfice des entreprises minières internationales. »
JKK : la vaillance nationaliste économique
Kabasu Babu a cité l’exemple du Président honoraire J.Kabila qui, a-t-il écrit, a brillamment fait preuve de vaillance nationaliste économique (digne de Lumumba) en impulsant la révision de certains contrats miniers et, ensuite, en activant la révision du Code minier et la relance de la GECAMINES dans la production, pour maximiser les revenus au profit du Trésor public. Force est de relever, poursuit Kabasu, par ailleurs, que sans le FMI, sous le leadership implacable du Premier ministre Matata Ponyo entre 2012 et 2014, le Gouvernement congolais a réalisé les meilleures performances économiques- mieux que beaucoup de pays africains.
Ayant constaté qu’au sommet de l’Etat, comme il l’écrit lui-même, il n’y a pas une profonde réflexion stratégique assortie d’actions substancielles démontrant le début de la réalisation de nos ambitions nationalistes de développement au regard des enjeux géopolitiques mondiaux, l’écrivain congolais conseille le Président Félix Tshisekedi, vu la situation de la dette nationale actuelle qui le permet, « Dans le contexte actuel, il faut au Président F.Tshisekedi de la sagacité stratégique, de la témérité développementale et de la détermination politique (la volonté de puissance niietzschéenne) pour aller humblement chez les Chinois solliciter USD 10 milliards en assistance d’urgence pour financer des projets rentables pour le remboursement, écrit-il encore, des projets possédant la triple rationalité économique productrice-accélératrice-diversificatrice de la croissance et mélioratifs des conditions sociales des populations comme, a-t-il cité notamment, les projets de l’alimentation, de l’agriculture et de l’agro-industrie, des infrastructures (axes routiers stratégiques, eau et électricité), de modernisation de nos villes, transport ( bateaux, locomotives), et surtout ceux de la création des entreprises minières et industrielles d’Etat (capitalisme d’Etat). Prenant soins de garantir que ce modèle est différent du troc.
Il est à noter que c’est à partir de l’accord passé en 2012 entre Gécamines et Straker International que le FMI s’était décidé de suspendre sa coopération avec la RDC. Lors de son premier séjour aux USA, le Président Félix Tshisekedi a échangé avec la Directrice générale du FMI de l’époque, Christine Lagarde au point que le 5 mars 2019 ils ont convenu de la reprise de la coopération FMI-RDC. Depuis, des missions par les deux parties ont été organisées. En octobre 2019, lors de son second passage aux USA, le premier citoyen congolais a rencontré la nouvelle Directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva. Avant, il rencontrait David Malpass, Président du Groupe de la BM et au terme de leur rencontre, la BM prenait l’engagement de renforcer sa coopération stratégique avec la RDC.
Un communiqué de l’institution financière, tablant sur l’assistance des équipes du FMI prévue jusqu’en mai 2020, souligne que ce programme doit permettre aux autorités d’avoir plus de temps pour identifier, classer par ordre de priorité et mettre en œuvre des réformes destinées à augmenter les revenus, combattre la corruption et améliorer la gouvernance sans être assorti d’une aide financière. Une assistance technique impulsée par le fait que la situation économique difficile et vulnérable aux chocs de la RDC entrainera une baisse de croissance du fait de la baisse du prix des matières premières, des nouvelles dépenses et du contrôle plus laxiste des dépenses, selon le FMI, et que la RDC va connaitre une situation budgétaire moins bonne financée largement par la Banque centrale et vu la chute des réserves internationales à des niveaux critiques, qui entrainera des besoins urgents en matière de balance des paiements.
Samy BOSONGO